L'hommage de M. Tomaski :
Adieu Môman
I.
Antón Martín plie sous le boutoir.
Le hâvre est sous le feu
De l'implacable entropie,
Des vagues régulières, mortifères,
Boboïsantes.
Feu Los Nogales, ci-gît le valeureux bar de vieux
Grand maître ès vermouth, sciure absorbante, jeu de mus et après-midi déclinantes.
Sur sa dépouillante encore fraîche fleurit déjà l'algue dévorante.
Temple maudit, suppôt de la mode, bar adepte du gin-tonic aromatisé,
Des brunchs customisés,
De la déco
Standardisée.
Ici, la filmoteca étend son emprise
Et le Reina Sofía sa main-mise
Sur la Calle Santa Isabel.
Jazz.
Salons de thé.
Cuisine minimaliste.
Les terrasses gentrifiées s'emplissent.
Dans ce halo radioactif,
Sous les becquerelles ionisants,
Résiste encore,
Bon an, mal an,
Le Dernier des Mohicans
II.
Le camp est retranché, le temps paralysé,
Personne ici n'a conscience de la lutte.
L'existence placide suit un cours, sans but,
Où trois piliers soutiennent un monde sécurisé.
Au Real Madrid la sphère spirituelle
L'équipe a ses héros, dieux mythologiques
Que l'on prie le samedi soir, analgésique.
Ronaldo marque, bière et communion rituelle.
À la télevision, le pouvoir temporel.
Tous les jours, Telemadrid forge l'opinion,
L'ouverture sur le monde, c'est les informations.
Peur, racisme bonenfant, clients fraternels.
Mais l'Alcool est celui qui régit l'existence,
Le vrai maître des lieux, l'ami indéfectible,
Tantôt joyeux, triste, quelquefois irascible,
Il est Étoile du Nord, raison d'être et jouissance.
III.
Cañita du mardi soir
Ou mercredi sais plus très bien
À la télé passe la Champions
Madrid a marqué
Mon voisin édenté sourit
Ses papas ali-oli
Le bar est presqu'à moitié plein
Une bonne soirée s'annonce
David est content
Profitant de l'affluence
Il a repeint ses murs
D'un vert éblouissant
Combiné
Aux lumières des néons
Soleils aveuglants
Le client n'y voit plus
Il a oublié son nom
Tombé dans des années de bière
De football
De commentaires déplacés
De chorizo frito
De gras
Le match est terminé
Joie dans les coeurs
Le chef paie sa tournée
Et puis à contre-coeur
On sort
Il fait froid
On hurle un à demain
On a peur de l'extérieur hostile
La renaissance est toujours difficile
Le départ
Une césarienne
Et le bar de David
Le ventre de Maman.
Antón Martín plie sous le boutoir.
Le hâvre est sous le feu
De l'implacable entropie,
Des vagues régulières, mortifères,
Boboïsantes.
Feu Los Nogales, ci-gît le valeureux bar de vieux
Grand maître ès vermouth, sciure absorbante, jeu de mus et après-midi déclinantes.
Sur sa dépouillante encore fraîche fleurit déjà l'algue dévorante.
Temple maudit, suppôt de la mode, bar adepte du gin-tonic aromatisé,
Des brunchs customisés,
De la déco
Standardisée.
Ici, la filmoteca étend son emprise
Et le Reina Sofía sa main-mise
Sur la Calle Santa Isabel.
Jazz.
Salons de thé.
Cuisine minimaliste.
Les terrasses gentrifiées s'emplissent.
Dans ce halo radioactif,
Sous les becquerelles ionisants,
Résiste encore,
Bon an, mal an,
Le Dernier des Mohicans
II.
Le camp est retranché, le temps paralysé,
Personne ici n'a conscience de la lutte.
L'existence placide suit un cours, sans but,
Où trois piliers soutiennent un monde sécurisé.
Au Real Madrid la sphère spirituelle
L'équipe a ses héros, dieux mythologiques
Que l'on prie le samedi soir, analgésique.
Ronaldo marque, bière et communion rituelle.
À la télevision, le pouvoir temporel.
Tous les jours, Telemadrid forge l'opinion,
L'ouverture sur le monde, c'est les informations.
Peur, racisme bonenfant, clients fraternels.
Mais l'Alcool est celui qui régit l'existence,
Le vrai maître des lieux, l'ami indéfectible,
Tantôt joyeux, triste, quelquefois irascible,
Il est Étoile du Nord, raison d'être et jouissance.
III.
Cañita du mardi soir
Ou mercredi sais plus très bien
À la télé passe la Champions
Madrid a marqué
Mon voisin édenté sourit
Ses papas ali-oli
Le bar est presqu'à moitié plein
Une bonne soirée s'annonce
David est content
Profitant de l'affluence
Il a repeint ses murs
D'un vert éblouissant
Combiné
Aux lumières des néons
Soleils aveuglants
Le client n'y voit plus
Il a oublié son nom
Tombé dans des années de bière
De football
De commentaires déplacés
De chorizo frito
De gras
Le match est terminé
Joie dans les coeurs
Le chef paie sa tournée
Et puis à contre-coeur
On sort
Il fait froid
On hurle un à demain
On a peur de l'extérieur hostile
La renaissance est toujours difficile
Le départ
Une césarienne
Et le bar de David
Le ventre de Maman.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire