6 déc. 2011

Portrait


Mon Portrait dans le Petit Journal de Madrid du 29 novembre 2011 :

Bédéiste français exilé à Madrid, Ludovic Pedrocchi nous raconte comment il est tombé dans le "9ème art". Un parcours pour le moins atypique, qui se dessine désormais en Espagne.

On s’identifie volontiers à Ludovic, ce petit bonhomme souvent armé d’une clope au bec, à travers ses pérégrinations madrilènes. Des tortues d’Atocha au match de foot à Getafe en passant par la dégustation du très léger cocido madrileño. Autant de situations anecdotiques dans lesquelles nous nous sommes déjà retrouvés à l’heure de découvrir et s’intégrer pleinement à la vie à l’espagnole. Le protagoniste, fraîchement débarqué à la capitale dans la BD "Ahora en Madrid", a déjà bien des aventures à son actif. Il y a aussi Filipo, son acolyte aux trois poils sur le caillou, que l’on suit à travers ses tribulations à Paris ou en recherche d’emploi…plutôt d’actualité. Son auteur, Ludovic Pedrocchi, a développé le personnage de Filipo au lycée avec un copain, en 1991. Ludovic préparait alors son Bac option cinéma, avec l’idée de devenir scénariste. Pour lui, la BD c’est un peu comme le ciné. "Ce que je voulais, c’était faire mes propres scénarios", explique Ludovic. "Je ne viens pas du tout du milieu de la BD. Le plus important pour moi, c’était d’écrire", ajoute l’artiste, qui confie "ne pas savoir dessiner".

"Je fais tout de A à Z, jusqu’à la diffusion"

Suite à des prises de contact infructueuses avec les éditeurs parisiens, il a décidé de créer sa propre maison d’édition, baptisée Les Nouvelles Editions à l’Arrache : "Je photocopie mes planches, j’agrafe, je massicote". Une petite entreprise dont Ludovic n’est pas peu fier. "Je suis un peu un control freak (NDLR perfectionniste, qui veut tout contrôler)…Je fais tout de A à Z, jusqu’à la diffusion", commente-t-il. L’autoproduction artisanale et le format original de ses BD ont porté leurs fruits puisque plusieurs maisons d’édition l’ont contacté, dont une (les Editions en Marge), basée à Paris, avec qui il travaille encore aujourd’hui. S’en sont suivies des publications, de nombreuses expositions, des performances en direct dans des soirées techno ou bien au sein d’un collectif artistique. Une couverture souple, 10 à 20 pages, 4 vignettes, des dessins filiformes et un tantinet enfantins : un style qui casse le format traditionnel du 48CC, nom de code employé dans le jargon de l’édition pour se référer au format standard d’une BD : 48 pages, cartonnée et en couleur. "Les années 90 ont été une période bénéfique pour la BD… L’Association et Les Requins Marteaux (NDLR deux maisons d’édition françaises) ont commencé à publier de nouveaux formats", explique Ludovic, pour qui le Français Lewis Trondheim et l’Américain Chris Ware ont exercé une influence majeure. "Ces deux-là m’ont donné envie d’y aller à fond !".

"Il y a dix ans, la BD espagnole n’existait pas"

Un peu lassé de la France, Ludovic a quitté son Paris natal pour débarquer à Madrid il y a quatre ans. "Je n’ai pas choisi l’Espagne par amour du pays, d’autant plus que je ne parlais pas espagnol ! C’était un peu pour le soleil et la fête…". Seulement, le milieu de la BD y est moins développé qu’en France. "Il y a dix ans, la BD espagnole n’existait pas. Il n’y avait pas de structure, pas de diffusion. Et beaucoup de gens pensent encore que c’est destiné aux enfants…". Mais Ludovic a un projet en tête : monter une maison d’édition alternative à Madrid. Pour le moment, il s’est lancé dans l’autoproduction de ses BD en espagnol. "Pour l’Espagne, je fais un vrai travail d’écriture, avec plus de phrases pour chaque vignette". Ses textes, écrits en français, passent ensuite entre les mains d’un traducteur. Très observateur et toujours à l’affut du petit détail, Ludovic écrit sur son "ressenti sur l’Espagne" et sa "vie ici". Pourtant, il dément toute ressemblance avec Filipo. Ludovic ou pas, on attend avec impatience les nouvelles aventures madrilènes de ce dernier dès le printemps prochain.

Amélie HEIDINGER - Mardi 29 novembre 2011

1 commentaire:

  1. Bonjour. Pouvez-vous me contacter sur aclaugier@gmail.com. Je suis journaliste et j'ai besoin d'un renseignement en Espagne. Mille mercis ! Anne-Charlotte Laugier

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